
Particules (correspondances inattendues) 2021 : internet végétal
Fiche par Eleonora Acerra et Emmanuelle Lescouet
de multiples micro-gestes
Marilyne Busque-Dubois
sur le clavier l’écran sous la cire du sceau décacheter les messages textes tweets courriels et autres enveloppes
comme autant de feuilles tombent
par jour de grand vent
s’enterrent
les unes sur les autres
déjà presque mortes
et compostées

Table des matières
- Description de l’œuvre
Une fiche descriptive de l’œuvre et de ses éléments techniques.
- L’œuvre
Un résumé de l’œuvre et une présentation de l’expérience d’usager.
- Ressources éducatives
Des ressources éducatives qui sont constituées de pistes d’exploitation, de contenus pédagogiques, d’expérimentation sur la réception de l’œuvre ainsi que de la démarche de création.
Description de l’œuvre
Auteur·rice·s
Simon Brown, Marilyne Busque-Dubois, toino dumas, Alyssa Jerome, Roxanne Lajoie, Bertrand Laverdure, Emné Nasereddine, Pattie O’Green, Véronique Sylvain, Christiane Vadnais
Artistes en arts visuels
Chloé Beaulac, Natacha Clitandre, Nayla Dabaji, Sara A. Tremblay, Janie Julien-Fort, Mériol Lehmann, Katherine Melançon, Isabelle Parson, Emilie Pedneault, Francis Théberge
Sélection des textes et des images
Isabelle Gagné et Sven Buridans du Mouvement Art Mobile, Benoit Bordeleau de Littérature québécoise mobile
Date de la première publication et dernière mise à jour connue
28 octobre 2021 pour la performance en ligne, 2022 pour le site
Langues
français
Système opératif et supports requis

Expérience proposée :
- Œuvre des réseaux sociaux
- Twittérature
Fonctionnalités numériques et caractéristiques médiatiques :
- Lecture simple
L’œuvre
Particules est une performance annuelle organisée en partenariat par le Mouvement Art Mobile et Littérature québécoise mobile. En 2021, elle a été accompagnée par la communauté interdisciplinaire de Rhizome, l’équipe de La Traversée et la Maison des arts littéraires.
Lors de chaque édition, des artistes visuels et des écrivain·e·s professionnel·le·s sont invité·e·s à publier des tweets sur une thématique donnée, en mettant leurs gazouillis en réseau par l’utilisation d’un même mot-clic. Puisque les publications sont instantanément disponibles, des conversations se créent. Le mot-clic fédère ainsi les auteur·rice·s et constitue une anthologie mouvante de tweets poétiques, textuels, iconiques ou iconographiques. L’ouverture de la performance au grand public permet également de recueillir les gazouillis d’internautes qui n’ont pas nécessairement une pratique artistique professionnelle. L’expérience artistique est alors partagée : les publications amateures et celles d’artistes chevronné.e.s apparaissent sans hiérarchie, s’imbriquant et se mêlant en conversations inattendues.
L’édition de 2021, intitulée « Internet végétal », a été dédiée à l’exploration des « contrastes entre virtuel et organique », entre espaces dématérialisés et physiques. Choisie comme une forme de réaction à la thématique de l’année précédente, qui était davantage liée à l’observation de l’espace intime et privé dans lequel la population mondiale avait été confinée durant la pandémie, l’édition de 2021 s’est voulue projetée vers l’extérieur et attentive aux « pratiques propres au web, avec ce que cela comporte de nœuds, de liens et de rhizomes ».
Ainsi, les publications de 2021 reflètent la pluralité des équilibres qui lient le sujet contemporain à la nature et au monde virtuel. Imagés ou techno orientés, intimes ou descriptifs, les micropoèmes tout comme les représentations visuelles et photographiques proposées par les contributeur·rice·s évoquent à la fois des situations personnelles et des enjeux environnementaux, des souvenirs intimes et des espaces partagés. Parmi les nombreux.ses participant.e.s à l’édition 2021, Francis Théberge (@tind) a dévoilé son univers graphique, coloré et morcelé ; Janie Julien-Fort (@janiejfort) a sélectionné des séquences de photographies expérimentales et animées avec lesquelles elle donnait à voir la fragilité des souvenirs et les mouvances des éléments biologiques. Roxanne Lajoie, autrice de haïkus et de romans jeunesse, a quant à elle partagé son rapport à l’espace virtuel (« parfois, en ouvrant l’ordinateur l’envie me prend de courir pieds nus de disparaître dans l’herbe verte des collines de Windows ») ; enfin, toino dumas (@antiterroir) a alterné, dans ses tweets, métaphores végétales, préoccupations environnementales et réflexions contre le patriarcat.
À l’issue des performances de cette quatrième édition, un site internet a été construit. Son but était de constituer une exposition anthologique des publications de l’année 2021. Publié en mars 2022, ce site-exposition articule une navigation diachronique, sur l’axe horizontal, et une navigation synchronique, sur l’axe vertical. Une ligne de temps, découpée en tranches de 5 minutes, affiche la reproduction d’un fil d’actualité. En sélectionnant un moment donné, l’ensemble des productions relatives à ce laps temporel apparaît à l’écran. Ainsi, le défilement vertical à l’intérieur de ce groupe de publications recrée l’environnement de publication original, tandis que l’interface du site propose une version épurée de Twitter. Le graphisme du site-exposition est en effet minimaliste et clair : aucune publicité ni signe caractéristique de l’interface de départ (boutons de partages, options de commentaire ou de « j’aime », etc.) n’est visible, et l’organisation anthologique propose une séquence linéaire de textes et d’images thématiquement liés qui structurent et fixent le flux fragmentaire de la performance source.


Ressources
Éducation
La performance annuelle Particules peut être présentée en contexte scolaire aussi bien pour analyser les contenus littéraires et artistiques proposés par les différent·e·s contributeur·rice·s que pour interroger les spécificités de l’écriture sur les réseaux sociaux.
Dans le premier sens, Particules peut être présentée comme une anthologie de littérature contemporaine. En effet, elle fédèrent des artistes et des écrivain·e·s québécois·es qui œuvrent à la fois dans le panorama artistico-littéraire numérique et dans celui analogique.
Leurs publications peuvent donc être utilisées comme les composantes d’un réseau thématique et questionnées conjointement, afin que les élèves identifient les relations, les enjeux transversaux et les trajectoires personnelles développées par chaque artiste ou écrivain·e. Les élèves peuvent interroger plus attentivement les gazouillis d’un·e ou plusieurs contributeur·rice·s, en observant comment chacun·e s’est approprié·e le questionnement proposé par les organisateur·rice·s et l’a travaillé en fonction de sa sensibilité et de sa poétique. Dans l’optique de travailler l’écriture numérique, les élèves peuvent également être amené·e·s à produire des textes analogues (dans le cadre d’une nouvelle édition de la performance ou en différé), en exploitant les contraintes de Twitter comme input créatif.
Dans un deuxième sens, les publications de Particules peuvent être interrogées en tant qu’exemples d’écriture twittéraire. On peut observer, par exemple, l’alternance de tweets poétiques à dominante textuelle ou iconique, et interroger les effets de sens dans chaque contexte. Il est également possible de s’arrêter sur les différentes fonctions des mots-clics, qui peuvent à la fois recueillir les gazouillis liés à la performance et déclencher la dynamique des interactions entre contributeur·rice·s.
On peut également amener les élèves à interroger les modalités de réception d’un contenu littéraire ou artistique en fonction de son environnement de production et de diffusion. Dans cette optique, on comparera les deux parties de l’expérience (la première liée à Twitter et affichant les publications dans l’ordre de présentation choisi par l’algorithme de la plateforme, la deuxième liée au site-exposition) et on observera les différences – esthétiques et de sens – en fonction du contexte : le flux morcelé de la performance offre-t-il la même expérience que celle proposée par la sélection du site-exhibition ?
Création
À la suite de la tenue de l’événement, le Musée d’art de Joliette s’est vu confier la mission de concevoir une exposition virtuelle à partir d’une sélection des contributions poétiques et visuelles du grand public, afin de poser un regard commissarial sur ces dernières et d’en faire émerger un nouveau sens.
On parle également de Particules sur les sites suivants :
Comment citer cette page :
Acerra, E, et Lescouet, E. (2022, 20 juillet). Fiche sur Particules (correspondances inattendues) 2022 : internet végétal. Lab-yrinthe. https://lab-yrinthe.ca/oeuvres/particules-correspondances-inattendues-2022-internet-vegetal